J'observe les esprits s'enflammer de plus en plus durant cette guerre qui oppose Israël aux fanatiques du Hamas. Je comprends que l'émotion l'emporte sur la raison. Je le comprends d'autant
plus lorsque je vois le traitement médiatique que réservent les chaînes arabes, et notamment Al-Jazira, à ce conflit. Mais cette situation, qui devient de plus en plus inquiétante, me pousse à
poser un certain nombre de questions à ceux qui laissent libre court à leurs émotions dégoulinantes ou encore pire à la haine qu'ils n'arrivent plus à dissimuler. Où étaient tous ces musulmans
qui ont tant de compassion pour les enfants de Gaza et pour les terroristes qui les ont conduits vers la guerre, ou étaient-ils, dis-je, quand Grozny était littéralement rasée par l'armée russe,
cependant que les femmes tchétchènes étaient violées à ciel ouvert par les soldats de Poutine et lorsque les morts se comptaient quotidiennement par centaines ? Mais où étaient-ils bon sang
de Bon Dieu ? Mais où étaient Besancenot, Buffet, Mélenchon ? Où étaient ces femmes voilées et les autres qui arborent fièrement aujourd'hui le keffieh palestinien ?
Ou étaient ces casseurs, ces jeunes fougueux et déchaînés, ces vielles dames qui s'exhibent aujourd'hui la larme à l'œil quand il fallait dénoncer les crimes, que dis-je, le génocide perpétré par le régime fasciste du soudanais Hassan Omar Al-Bashir contre des populations Darfouris, démunies, désarmées et sans défense. Mais où étaient Besancenot, Buffet, Mélenchon ? Où étaient-ils ? Personne ne leur a dit qu'un crime contre l'humanité se commettait, sous le ciel fanatisé du Soudan ? Où étaient ces jeunes et ces moins jeunes, tous ces promeneurs du samedi, lorsqu'avec SOS Racisme et Urgence Darfour et quelques autres associations, nous avions marché pour condamner le crime de l'État soudanais. Nous nous étions alors retrouvés à proximité de l'Ambassade du Soudan et nous étions tout au plus deux cents personnes. Les Tariq Ramadan, ses adeptes et leurs camarades avaient certainement des courses à faire ce jour-là. Je préfère croire cela, que de penser un instant que tous ces marcheurs du samedi ont plus de compassion pour l'enfant de Gaza que pour l'enfant du Darfour. Peut-être que le musulman qui obéit aux ordres et à l'idéologie du Hamas et défendable alors que le musulman tchétchène habitant Grozny, ne comprenant probablement rien à la chose politique, doit être liquidé dans l'indifférence collective par les hommes de Poutine.
Mais encore, ou étaient tous ces marcheurs du samedi lorsque les Algériens se faisaient découper en petits morceaux par les monstres du GIA et égorgés tels des moutons par les disciples d'Ali Benhadj ? Mais où étaient Besancenot, Buffet, Mélenchon ? Où étaient-ils ? Je me rappelle que certains accusaient alors les victimes algériennes d'être à la solde du régime en place donc légitimement « découpable » en morceaux. D'autres se disaient encore que peut-être le GIA n'était finalement que le fruit d'un complot, d'une manipulation, que l'islamisme ne tuait point, nulle part. D'ailleurs, beaucoup continuent de penser que l'islamisme est une doctrine sympathique qui ne ferait pas de mal à une mouche. Que tout ce terrorisme islamiste qui veut imposer son diktat est une création des « Juifs, des Américains et de beaucoup d'autres salauds ». Je crois même que c'est ce que pensent des politiques comme les très laïcs Besancenot, Buffet et Mélenchon. Sinon que font-ils en marchant aux côtés d'islamistes, de communautaristes, de tribalistes, d'antisémites et de pleurnichards professionnels. Parce que ce qui m'étonne aussi - et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je qualifie certains marcheurs du samedi de « pleurnichards professionnels » - ce qui m'étonne dis-je comment peut-on s'émouvoir lorsqu'est tué un enfant ayant telle religion et ne pas ressentir d'émotion lorsque un autre enfant ayant telle autre religion subi le même sort ? Pourquoi tous ces musulmans qui marchent aujourd'hui les yeux exorbités, la bave sur le menton, tous crocs dehors, n'ont-ils jamais voulu marcher au lendemain d'un attentat terroriste ? Pourquoi n'ont-ils pas marché lorsque des islamistes tuaient d'autres musulmans ? Pourquoi n'ont-ils pas marché après le 11 septembre, Madrid ou Londres ? Mais où étaient-ils lorsque les talibans exécutaient des femmes dans des stades ? Pourquoi, à chaque fois, que je les entends, c'est pour écouter leurs lamentations disant qu'ils appartiennent à une « religion opprimée » ? Pourquoi ne dénoncent-ils jamais, avec de telles marches, ceux qui oppriment au nom de cette même religion ? Pourquoi sont-ils plus virulents, plus haineux et, parfois, plus violents que les Palestiniens et les Jordaniens que je connais ? Pourquoi il y a si peu de dignité dans l'expression de leur émotion sincère ou supposée ? Mais que cache donc cette compassion sélective ? Que cache-t-elle ? Mettons les pieds dans le plat. Le conflit israélo-palestinien serait-il finalement un abcès de fixation qui est entretenu, et notamment par les pays musulmans, pour attiser toutes les haines ? Serait-ce l'appartenance religieuse de l'autre belligérant, Israël en l'occurrence, qui pose problème ? Serait-ce par antisémitisme ? Où serait-ce tout simplement un samedi après midi de défoulement utilisé tel un exutoire pour exprimer une malvie, des frustrations, pour s'élever contre une absence de libido ou que sais-je encore ?
Je vais révéler le fond de ma pensée. Je pense que plusieurs marcheurs du samedi défilent davantage contre Israël que pour la Palestine. Beaucoup d'entre eux ne marchent pas parce qu'ils adoreraient les Palestiniens, mais parce qu'ils ont une détestation idéologique pour tout ce qui est juif et pour tout ce qui a trait à Israël. Et je pense même - passez-moi l'expression - que la plupart n'ont rien à foutre des Palestiniens. Parce qu'en définitive si ces marcheurs du samedi étaient si humanistes que cela, je pense que je les aurais croisés dans des manifestations en faveur du Darfour ou des Tchétchènes, et dans celles organisées en signe de solidarité avec les victimes algériennes de l'islamisme et dans toutes les marches dénonçant le terrorisme des fascistes intégristes. Ils se seraient peut-être élevés contre la violence exercée par le Hamas, non pas contre les Israéliens, mais contre leurs propres frères du Fatah.
Rassurez-vous, je ne suis pas ravi de voir des civils mourir à Gaza. Cela me désole profondément, mais je ne veux pas que soit occultée la responsabilité du Hamas qui a créé les conditions de la guerre puisque tout en sachant qu'il ne ferait pas le poids militairement, il a provoqué cette guerre au mépris des vies humaines dont il avait la responsabilité tout ceci au nom de cette idéologie qui magnifie la mort et le martyre. Arrêtez alors de nous raconter une histoire à l'envers et révéler le fond de votre pensée que nous voyons d'ailleurs parfaitement dans les slogans que vous portez...À tous les promeneurs du samedi, bon dimanche...
Voici la version Allemande de ce texte...(Merci à
J.L)
Den Samstagsspaziergängern und ihren Kumpels aus einer gewissen Linken
Ich sehe wie die Gemüter sich im Laufe dieses Krieges zwischen Israel und den Hamas- Fanatikern immer mehr
erhitzen. Ich verstehe, daß die Erregung Oberhand über die Vernunft gewinnt; es wundert mich nicht, denn ich sehe, wie die arabischen Fernsehanstalten, insbesondere Al-Jazira, diesen Konflikt
aufbereiten. Die zunehmend Besorgnis erregende Lage veranlaßt mich, denen einige Fragen zu stellen, die ihren triefenden Emotionen, schlimmer noch, dem Haß, den sie nicht mehr verbergen, freien
Lauf lassen. Wo waren all die Muslime, die mit den Kindern aus Gaza und mit den Terroristen, die sie in den Krieg geführt haben, so sehr mitfühlen, wo waren sie etwa, als Grosny von der
russischen Armee buchstäblich plattgemacht wurde, als tschetschenische Frauen von Putins Soldaten unter freiem Himmel vergewaltigt wurden und die Zahl der Todesopfer täglich in die Hunderte ging?
Wo waren sie, verflucht noch mal? Wo waren da Besancenot, Buffet, Mélenchon (1)? Wo waren alle diese verschleierten Frauen und jene, die heute voller Stolz das Palästinensertuch tragen?
Wo waren die Straßenkämpfer, die wilden entfesselten Jugendlichen und die mit Rührungsträne im Auge auftretenden Damen, als es darum ging, die Verbrechen, nein, den Völkermord an der hilf- und
schutzlosen Darfur-Bevölkerung durch das faschistische Regime des Sudanesen Hassan Omar Al-Bashir anzuprangern? Wo waren da Besancenot, Buffet, Mélenchon? Wo waren sie? Hat niemand ihnen gesagt,
daß unter dem fanatisierten Himmel des Sudans ein Verbrechen gegen die Menschlichkeit geschieht? Wo waren diese jungen und weniger jungen Leute, all diese Samstagsspaziergänger, als wir zusammen
mit SOS Racisme, Urgence Darfour und einigen anderen Organisationen demonstrierten, um gegen das Verbrechen des sudanesischen Staates zu protestieren? Als wir uns damals bei der sudanesischen
Botschaft trafen, waren wir höchstens zweihundert. Die Tariq Ramadans und ihre Gefolgschaft hatten an diesem Tag einzukaufen, nehme ich an - das ist mir lieber, als nur einen Augenblick glauben
zu müssen, daß alle diese Samstagsspaziergänger Mitleid mit dem Kind in Gaza, doch nicht mit dem Kind in Darfur empfinden. Offensichtlich verdient der Moslem, der den Befehlen und der Ideologie
der Hamas gehorcht, Aufmerksamkeit; der tschetschenische Moslem aus Grosny aber, womöglich ein Unpolitischer, darf, von Putins Männern liquidiert, in allgemeiner Gleichgültigkeit untergehen.
Aber, noch einmal, wo waren all diese Samstagsmarschierer, als die Algerier von den GIA-Bestien zerstückelt und von den Ali Benhadj-Schülern wie Schafe abgeschlachtet wurden? Wo waren da
Besancenot, Buffet, Mélenchon? Wo waren sie? Ich erinnere mich, daß einige die algerischen Opfer beschuldigten, mit dem herrschenden Regime zusammenzuarbeiten, weshalb sie also „legitimer Weise
zerstückelt" würden. Andere sagten sich, daß die GIA ein Verschwörungsprodukt, eine Manipulation sei, da der Islam nicht tötet, an keinem Ort, nirgends. Im übrigen denken viele immer noch, daß
der Islamismus eine freundliche Lehre sei, die keiner Fliege was zu Leide täte; dieser ganze islamische Terror, der alle anderen unterwerfen will, wäre eine Erfindung der „Juden, der Amerikaner
und vieler anderer Schweinehunde". Ich könnte mir sogar vorstellen, daß die sehr weltlichen Genossen Besancenot, Buffet und Mélenchon ebenso denken. Was hätten sie sonst an der Seite der
Islamisten, der Integrationsunwilligen, der Stammesbeschwörer, der Antisemiten und der professionellen Klagemänner zu suchen? Denn, was mich wundert - und aus diesem Grunde nenne ich manche
Samstagsmarschierer „professionelle Klagemänner" -, was mich also wundert ist dies: Wie kann man von dem Tod eines Kindes bewegt sein und von dem eines anderen unberührt bleiben, je nach seiner
Religionszugehörigkeit? Warum haben dieselben Muslime, die heute mit hervorquellenden Augen, speichelfeuchtem Kinn und gefletschten Zähnen marschieren, niemals nach einem Terroranschlag
demonstriert? Warum sind sie nie auf die Straße gegangen, als Islamisten andere Muslime töteten? Warum sind sie nach dem 11. September, nach Madrid und London nicht aufgestanden? Wo waren sie
denn, als die Taliban in den Stadien Frauen hinrichteten? Warum muß ich sie immerfort darüber klagen hören, daß sie zu einer „unterdrückten Religion" gehören? Warum prangern sie niemals
diejenigen an, die im Namen ebendieser Religion unterdrücken? Warum sind sie in Europa schärfer, haßerfüllter und gewalttätiger als manche Palästinenser und Jordanier vor Ort? Warum ist so wenig
Würde im Ausdruck ihrer Betroffenheit? Was verbirgt denn ihr selektives Mitgefühl? Was verbirgt es?
Treten wir ins Fettnäpfchen! Kann es sein, daß der jüdisch-palästinensische Konflikt nichts ist als eine Fixierung, die vor allem durch muslimische Länder erzeugt wird, um allen Haß zu binden?
Kann es sein, daß die Religionszugehörigkeit des Gegners, in diesem Fall Israels, das eigentliche Problem darstellt? Ist das etwa Antisemitismus? Oder sollte ein Samstagnachmittag lediglich der
Entladung dienen, um Unbehagen am Leben, Frustrationen, Mangel an Libido und, was weiß ich noch, abzureagieren?
Ich will meine innersten Gedanken darlegen. Ich denke, daß manche Samstagsmarschierer mehr gegen Israel als für Palästina demonstrieren. Viele von ihnen laufen nicht mit, weil ihnen die
Palästinenser ans Herz gewachsen wären, sondern weil sie eine metaphysische Abscheu für alles Jüdische empfinden und für alles, was mit Israel zusammenhängt. Ich denke sogar, daß den meisten die
Palästinenser - verzeihen Sie den Ausdruck - am Arsch vorbeigehen. Denn wären am Ende diese Samstagsmarschierer so humanistisch wie sie tun, so hätte ich sie vermutlich auf Darfur- oder
Tschetscheniendemos gesehen, bei Solidaritätskundgebungen für algerische Islamistenopfer, eben auf allen Veranstaltungen, die sich gegen den Terror faschistischer Fanatiker richten. Und wenn
ihnen die Palästinenser tatsächlich am Herzen lägen, wären sie da nicht gegen die Gewalt der Hamas gegen ihre Fatah-Brüder - nicht gegen die Israelis - aufgestanden?
Beruhigen Sie sich, ich juble nicht, wenn zivile Opfer in Gaza sterben. Es schmerzt mich tief. Aber ich will nicht, daß man die Verantwortung der Hamas an diesem Krieg verschweigt, den sie
herbeigeschossen hat, obwohl sie wissen mußte, daß sie militärisch nicht würde mithalten können; diesen Krieg hat sie in Verachtung der Menschen heraufbeschworen, für die sie verantwortlich war,
das Ganze im Namen einer Tod und Märtyrertum verherrlichenden Ideologie. Hört also auf, uns eine verquere Geschichte zu erzählen, hört auf zu lügen, eure wirklichen Gedanken erkennen wir an euren
Parolen... Allen Samstagsspaziergängern einen guten Sonntag...
(1) Olivier Besancenot ist Sprecher und Präsidentschaftskandidat der trotzkistischen Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR, Revolutionär-Kommunistische Liga); Marie-George Buffet ist seit 2001 Generalsekretärin der PCF und Mitglied der französischen Nationalversammlung; Jean-Luc Mélenchon vertritt die linkssozialistische Strömung Nouveau Monde innerhalb der Parti socialiste